Je ne saurai sans doute jamais pourquoi mon grand-père, Josef Baruch, a décidé de s’installer à Dobrocina, un village proche de Dej et peuplé d’une centaine de familles. Venu de Sighisoara où étaient enracinés tous ses proches, il atterrit à Dobrocina au début du XXème siècle. 180 kms séparent les deux lieux. Dans la Roumanie de l’époque (ou, plutôt , dans la Hongrie d’alors) cela faisait déjà une belle trotte. Presque l’équivalent de l’exil. Il se l’est pourtant imposé. J’aime à penser qu’il y avait là une affaire de femme, rencontrée Dieu sait comment ou, plus vraisemblablement, croisée grâce à l’entremise d’un marieur au réseau interrégional. Continuer la lecture de « 27 août, Dobrocina : « des gens revenus de l’autre monde… » »
25 août, Dej : Jenö
J’avais croisé Jenö une première fois sur deux photos retrouvées dans les papiers paternels. L’une, représentant un jeune couple bourgeoisement mis, portait au verso la mention : Jenö et Frida, Dej, 25 octobre 1930. Le même couple figurait sur la seconde photographie, en habits de mariés. Signature et lieu identiques figuraient au verso mais, cette fois, avec la date du 20 avril 1934. Qui étaient-ils ? Petite ville qui, avant guerre, comptait à peine plus de 16 000 habitants, Dej est située à quelque soixante kilomètres au nord de Cluj-Napoca (Kolosvar, en hongrois), capitale de la Transylvanie. Dej est également à une quinzaine de kilomètres de Dobrocina, le village où habitaient mes grands-parents et où est né mon père. Ce pouvait être l’indice que l’inconnu avait un lien avec ma famille. J’ai voulu en voir un second dans la ressemblance avec mon père que je croyais déceler dans les traits de Jenö. Mais je n’ai pas, alors, cherché à aller plus loin. |